Quand les miettes déjouent les brevets : le Cas du Clavier Butterfly d’Apple
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Dans notre monde actif, manger devant son clavier par souci de rapidité et de commodité a des implications sérieuses. Les miettes peuvent s'accumuler, favorisant la croissance bactérienne et perturbant le bon fonctionnement des touches. Apple a même tenté d'améliorer son clavier Butterfly pour résoudre ces problèmes.
Accumulation de miettes et problèmes d'hygiène
Les sandwichs, les collations et les repas consommés sur les claviers entraînent inévitablement des miettes et des débris alimentaires qui se retrouvent dans les crevasses entre les touches. Ces miettes peuvent s’accumuler avec le temps, créant un terrain fertile pour les bactéries et autres micro-organismes. De telles conditions affectent non seulement l'hygiène de l'espace de travail, mais présentent également des risques potentiels pour la santé de l'utilisateur, notamment si les mains entrent en contact avec des surfaces contaminées.
Un nettoyage régulier des claviers est essentiel pour atténuer ces risques, mais la réalité est que de nombreux utilisateurs ne nettoient pas leur clavier aussi souvent ou aussi soigneusement que nécessaire. Cette négligence peut exacerber l’accumulation de débris et contribuer à une baisse des performances du clavier au fil du temps.
Impact sur la fonctionnalité du clavier
Outre les problèmes d’hygiène, manger sur un clavier peut avoir un impact direct sur sa fonctionnalité. Les miettes ou les liquides renversés peuvent interférer avec le mécanisme des touches, les faisant coller ou ne plus répondre. Cela peut perturber le flux de travail et la productivité, car les utilisateurs peuvent se retrouver obligés de nettoyer ou même de remplacer leur clavier prématurément.
De plus, certains aliments, notamment ceux contenant des huiles ou des résidus collants, peuvent laisser des résidus difficiles à éliminer et endommager la surface ou les composants internes du clavier. Au fil du temps, cela peut entraîner des pannes ou des dysfonctionnements mécaniques, nécessitant des réparations ou des remplacements coûteux.
Le cas du clavier Butterfly d'Apple
Le clavier Butterfly d'Apple, introduit en 2015, était une tentative innovante de créer un clavier plus fin avec un retour tactile amélioré et une demande de brevet a été déposée pour le clavier. Cependant, il a rapidement gagné en notoriété pour ses problèmes de fiabilité, notamment en ce qui concerne sa sensibilité aux débris tels que les miettes. La conception discrète des touches les rendait plus vulnérables au blocage ou à leur non-fonctionnalité lorsque même de minuscules particules se retrouvaient en dessous. Bien qu'Apple ait apporté des améliorations itératives aux générations suivantes du clavier Butterfly, notamment en ajoutant une membrane en silicone pour empêcher les débris de pénétrer, ces mesures n'étaient pas entièrement infaillibles. Un exemple est la demande de brevet américain US 2018068808.
Récemment, un autre brevet d'Apple a été publié, US 11 961 688, proposant à nouveau une solution permettant au clavier d'avoir une surface polie résistante à l'accumulation de graisse et de saleté. Pour ce faire, Apple souhaiterait modifier la forme des touches, en affinant le profil et en les incurvant légèrement plus vers le centre. Le but est d’augmenter au maximum la distance par rapport à l’écran, une fois le portable fermé. Mais Apple veut aller plus loin en gravant de fines rayures (entre 3 et 30 microns) sur le pourtour de chaque touche. Ces rainures capteraient les particules de poussière et de saleté, puis les évacueraient de la partie lisse et centrale de chaque touche.
Bien entendu, Apple n’est pas la seule entreprise à chercher à améliorer les claviers et l’avenir nous dira si quelqu’un aura plus de succès.
Alternatives et meilleures pratiques
Pour atténuer ces problèmes, les particuliers peuvent adopter des pratiques alternatives qui privilégient à la fois l’efficacité et la longévité de leur équipement. Une approche efficace consiste à désigner des zones spécifiques pour manger, distinctes des postes de travail ou des claviers. Cette mesure simple permet de maintenir la propreté et réduit le risque de dommages aux appareils électroniques liés aux aliments.
De plus, prendre des pauses régulières loin du bureau pour manger dans une salle de pause ou un espace commun désigné favorise non seulement de meilleures habitudes alimentaires, mais contribue également à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Il permet aux individus de se ressourcer mentalement et physiquement, améliorant ainsi la productivité et le bien-être global.
Conclusion
En conclusion, même si manger sur un clavier peut sembler une solution pratique aux contraintes de temps, cela présente des risques importants tant pour l’hygiène personnelle que pour la fonctionnalité du clavier lui-même. L’accumulation de miettes et de débris peut entraîner des problèmes d’hygiène et des pannes mécaniques, impactant à la fois la productivité et l’expérience utilisateur.
En adoptant des pratiques conscientes telles que manger dans des zones désignées et nettoyer régulièrement les espaces de travail, les individus peuvent protéger leur clavier et créer un environnement de travail plus sain. En fin de compte, de petits changements dans les habitudes peuvent conduire à des améliorations significatives de l’efficacité et de la longévité des outils essentiels sur le lieu de travail, garantissant ainsi une expérience informatique plus agréable et plus productive pour tous.
Et si vous mangez sur votre clavier et que vous possédez un clavier dit Chiclet, vous pouvez toujours faire comme moi et le mettre de temps en temps au lave-vaisselle, mais veillez à bien sécher le connecteur USB !
Robert Balsters, Conseil en Propriété Industrielle - Brevets - Directeur du Département NTIC, Novagraaf Suisse